LA VISITE

Performance, multiple, dessins
Écrite en 2017

Présentée aux Bains Municipaux de Mulhouse, 2017

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Photos : Sébastien Bozon




    





«Donc mettons nous avant tout d'accord sur les termes « vide » et « plein », parce que ce n’est pas toujours évident, souvent ça prête à confusion. Il paraît tout à fait normal de considérer que quand ma piscine est pleine c'est d'eau et que quand elle est vide c'est aussi d'eau. Et bien oui parce que si je dis qu’elle est vide d'air en fait ça veut dire qu'elle est pleine d'eau. Mais quand on dit qu'un objet est plein c'est qu'il est rempli d'une matière, l'air étant aussi une matière il faut accepter de dire que la piscine peut être pleine d'air aussi, autant que quand on dit qu'elle est vide d’air et vide d'eau. J’ai donc ici deux états. À moins que, troisième hypothèse, c'est que ma piscine ne soit ni pleine d'air ni pleine d'eau, qu'elle soit vide d'air et vide d'eau, pleine de rien vide de tout et dans ce cas là pleine de vide. Je rajoute donc ma troisième possibilité de remplissage de ma piscine : j'ajoute l'état pleine de vide, et je note que les deux autres états peuvent donc aussi être vides de vide. »




Photos 1, 2, 3 : Sébastien Bozon,  Photo 4 : Cyril Charpentier





   
    


















La performance La visite a été écrite pour l’exposition Grand Bassin, évènement donné aux bains municipaux de Mulhouse et réunissant les lauréates de la biennale Mulhouse 015. Lors de l’évènement, les piscines restaient ouvertes au public et gardaient leur fonctionnement habituel. Vêtue en employée de service de la piscine, j’accueille les spectateurs dans le hall du bâtiment, les amène à visiter les bains romains, en y expliquant le contexte historique de construction des lieux. J’y mêle des anecdotesdu personnel, de visiteurs de différentes époques, du fonctionnement technique, jouant de la frontière entre les histoires et l’Histoire, et insiste sur les règles d'hygiène et de sécurité. Ces anecdotes, histoires et informations avaient été glanées lors d’une semaine de visite et d’observation du bâtiment, de rencontre avec le personnel, qui avait eu lieu quelques mois auparavant. J’encadre le public tout au long de l’évènement et l’accompagne dans les salles des petit et grand bassins, voir les performances des autres artistes. Puis, je conduis les spectateurs dans les sous-sols du bâtiment, pour montrer les cuves des bassins et les locaux techniques. Dansla buanderie, je propose au public de s’asseoir et débute une démonstration sur le vidage des bassins, y opérant un glissement sémantique autour de l’expression du verre « à moitié plein et à moitié vide », adaptée aux piscines. J’évoque, en partant d’un jeu de langage, l’impossibilité d’obtenir une piscine totalement vide, ou totalement pleine, l’absurdité de raisonner avec un schéma binaire, et de considérer le vide. C’est au cours de cette conférence que le public s’assure alors que je ne suis pas une employée de la piscine, et que l’explication du fonctionnement technique des bassins est un mobile pour entrer dans des élucubrations prétenduement scientifiques. Aussi des schémas et objets extraits de la démonstration étaient disséminés comme des indices dans les salles des bassins. Ainsi la conférence remet en question le sérieux des explications et informations données depuis le commencement de la visite. Pour la dernière partie de la performance, j’accompagne le public dans la salle de la chaufferie, avec la très vieille chaudière au charbon toujours en fonction et cède la parole à l’employé technique sur place, qui explique son fonctionnement. Le public est raccompagné à la sortie.

La visite inclut également Les verres, une série de 32 sculptures ainsi qu’une série de 12 schémas sur miroirs.

Il a fait l’objet du catalogue d’exposition GRAND BASSIN, édité en juin 2018 par Zéro2 Éditions.